linkedin twitter

Sélectionner le bon outil pour gérer son Architecture d’Entreprise (AE) peut s’avérer vite complexe au vu de la richesse des offres sur le marché et de la difficulté à exprimer et prioriser ses besoins.

L’objectif de cet article est de vous présenter un cadre d’évaluation qui vous permettra de structurer votre démarche pour comparer les différentes solutions d’outil de gestion de l’Architecture d’Entreprise en fonction de vos exigences propres.

 

Pourquoi choisir un outil de gestion d’architecture d’entreprise ?

Qu’est-ce que l’Architecture d’Entreprise ?

L’Architecture d’Entreprise est une discipline qui traite aussi bien du métier et des processus d’une entreprise que de ses applications et de sa technologie. Les entreprises ont par ailleurs souvent commencé cette activité (l’AE) en documentant tous ces niveaux d’information pour le système d’information existant. Ainsi, la quantité très importante de données à recueillir oblige les entreprises à s’outiller afin de rester efficace pour  gérer ces artefacts dans la durée.

Si le besoin et l’utilité d’un outil d’EAM (Enterprise Architecture Management) ne se posent plus pour vous, nous vous proposons de décrire dans cet article un cadre d’évaluation pour comparer les offres d’outil d’EAM entre elles.

Comment évaluer les outils de gestion d’Architecture d’Entreprise ?

Evaluer un outil de gestion, quelle que soit l’activité de gestion, consiste d’une part à analyser les fonctionnalités d’utilisation et d’automatisation propres à l’outil, et d’autre part à estimer à quel niveau l’outil soutient, participe, aide au travail de gestion lui-même, c’est-à-dire en quoi il améliore les procédures métiers, ici l’AE, et opérationnelles de l’utilisateur.

 

Le cadre présenté ici (source : Tebis, 2008) compare donc les outils selon des axes d’analyse segmentés en deux domaines :

  • Le premier, specific Tool Functionality, a pour objectif d’évaluer les fonctionnalités spécifiques de l’outil.
  • Le second, Tool Support for EA management Tasks, apprécie les qualités de l’outil à supporter les pratiques courantes (au sens capabilities) de l’AE.

 

Specific Tool Functionality

Tool Support for EA management Tasks

 

Figure 1 : Exemple de résultats d’une évaluation d’un outil (source : Sebis 2008)

 

Les fonctionnalités spécifiques

Nous présentons ici les fonctionnalités spécifiques d’automatisation, qui sont évaluées principalement selon 8 axes. Ils peuvent néanmoins être adaptés selon le contexte et les besoins.

1. Utilisabilité

Cet axe se réfère à l’expérience utilisateur en général c’est-à-dire la difficulté ou non d’utiliser les fonctionnalités proposées. Cette caractéristique est essentielle pour garantir l’adoption de l’outil par les utilisateurs.

2. Import et édition

Il s’agit des talents d’importation et d’exportation de données du référentiel dans différents formats. Par ailleurs, les mécanismes pour valider les données importées au cours du processus d’importation sont aussi évalués ainsi que les mécanismes d’édition fournis. Ces fonctions sont particulièrement importantes, car les entreprises ont souvent d’abord recueilli des informations avant d’introduire un outil de gestion de l’AE. Cette possibilité est spécialement appréciée lors du premier déploiement de l’outil pour la migration des actifs (documents, modèles, …) existants dans le nouveau référentiel. Aussi, les fonctions d’export facilitent la génération automatique de documents avec les informations du référentiel (diagramme, matrice, …).

3. Analyse d’impact et reporting

Ce sont les facultés de la solution à effectuer des calculs ou des analyses d’impact sur la base des données contenues dans le référentiel. Les possibilités de configuration des rapports ou des analyses spécifiques doivent également être prises en compte. Ces fonctions se révèlent précieuses lors des transformations pour évaluer les impacts d’une évolution sur le SI existant, tant sur les plans métier, qu’applicatif et technologique. Elles permettent également de fournir des tableaux de bord de gouvernance de l’AE.

4. Communication et Collaboration

Ces fonctionnalités se réfèrent aux facilités de communication et de collaboration fournies : travail simultané sur les mêmes données, workflow, notification, gestion des droits des utilisateurs … mais aussi possibilité de travail en mode déconnecté, synchronisation des données, … Il s’avère avantageux de pouvoir les gérer à un niveau de granularité assez fin pour contrôler l’accès aux modèles, aux entités, aux métadonnées, aux documents, répertoires,… Le logiciel d’EAM étant utilisé par plusieurs typologies d’acteurs, il est important que les équipes puissent travailler de manière simultanée sur les modèles et que ces derniers puissent être synchronisés en prenant en compte les modifications effectuées simultanément.

5. Flexibilité du modèle d’information

Ceci reflète l’exigence que le modèle d’information de l’outil (méta-modèle) doit rester adaptable, même si les données ont déjà été importées. Dans la pratique, les organisations ont souvent besoin de modifier (i.e. étendre) le méta-modèle natif de l’outil pour l’adapter à leur environnement spécifique en ajoutant des concepts internes et propres à l’entreprise.

6. Customisation

Cet axe se concentre sur les fonctions de description / visualisation de l’outil. Les fonctionnalités évaluées dans cette catégorie concernent les formes courantes de présentation telles que les listes, les matrices, les dashboards, les diagrammes… En outre, l’axe se réfère aussi aux dispositions de l’outil à définir de nouveaux modèles de présentation. La customisation des points de vue d’architectures facilite la communication (en particulier à destination des acteurs métier) sur les actifs du référentiel en adaptant là encore les formats de restitution aux exigences de l’organisation.

7. Interaction et Edition

Il s’agit des capacités de l’outil à manipuler les présentations citées supra, mais aussi naviguer dans le référentiel, lier les diagrammes par exemple, modifier leur structure, etc. … Ces mécanismes de zoom, de navigation entre les modèles, de lier les objets les uns aux autres de filtre pour afficher uniquement certains éléments sur un diagramme améliore les visualisations et restitutions potentielles. Ils permettent également de faire des faire les études d’impact entre les différentes couches de l’AE.

8. Echelle de données

Ce dernier axe se réfère aux capacités du logiciel pour gérer une grande quantité d’actifs pour les systèmes d’information très important avec des milliers d’applications et de relations entre elles. C’est un aspect à ne pas négliger, comme c’est trop souvent le cas car cela a un impact non négligeable sur les performances et limites de l’outil à moyen terme.

 

Les fonctionnalités de support aux pratiques d’AE

Les fonctionnalités de support à l’activité de gestion de l’AE sont évaluées selon 9 axes, correspondant aux processus et procédures opérationnelles de l’architecte. Là encore, les axes sont à adapter en fonction de l’environnement.

1. Gestion des modèles

Ce premier axe considère la capacité de l’outil à gérer l’organisation des modèles des diverses vues (métier, application, technologie) pour les différentes architectures : existante, de transition, et cible.  Les possibilités de lier les modèles aux projets du portefeuille, de les historiser, sont également à considérer. IL s’agit là de fonctions structurantes et cœur de métier de l’architecte : la conception des différentes architectures, existantes, cibles et de transition et leurs relations. Cet axe doit être décisif dans le choix de l’outil.

2. Gestion des architectures

La gestion des architectures traite des architectures et de la mise en œuvre des trajectoires de transformation et ce, en lien avec la gestion des projets et les actifs du référentiel. Cela concerne aussi : la définition de patterns d’architecture, la rationalisation et l’homogénéisation des architectures mais aussi les possibilités d’alignement des architectures à la stratégie et aux objectifs de l’organisation.

3. Gestion de la stratégie et des objectifs

Ce volet couvre les questions de l’alignement des pratiques d’EA à la stratégie et aux objectifs de l’entreprise. Sont analysés, les moyens fournis pour suivre la mise en œuvre de la stratégie, notamment la définition et le suivi de l’atteinte des objectifs. La phase de capture de la stratégie et d’expression des objectifs est souvent le parent pauvre de l’AE alors qu’elle est essentielle pour pouvoir justifier ces choix d’architectures. L’outil doit donc permettre de lier les capacités d’architecture mise en œuvre avec la stratégie et les objectifs.

4. Gestion du portefeuille projet

Il s’agit du processus de gestion de portefeuille de projets et de planification. D’une part, la compétence à gérer le cycle de vie des projets (proposition, sélection, approbation) ainsi que la possibilité de relier les projets avec les modèles sont considérées. D’autre part, la possibilité de mener différents types d’analyses sur le portefeuille, e. g. calculs de coûts, doivent être évalués. Un outil d’EAM n’est pas un logiciel de PPM. Néanmoins, il est essentiel de pouvoir lier les architectures, existantes, cibles et de transitions avec les projets qui les mettent en œuvre.

5. Gestion de la demande

Ceci reflète les facilités du logiciel pour recueillir, documenter et traiter les demandes de transformation provenant du métier et de l’IT : stocker les demandes, les relier aux actifs d’AE concernés, etc. Cela permet d’améliorer le pilotage de la transformation Ces fonctions sont d’une importance particulière pour mapper des demandes à des projets du portefeuille, mais aussi pour connaitre les process, applications impactées par la demande de transformation.

6. Gestion des objets métiers

Cet axe se réfère aux aptitudes des outils à gérer les objets métiers ainsi que les opérations effectuées sur ces objets. Outre la gestion des modèles de données, il reflète des dispositions de l’outil à fournir une analyse sur les objets métier impliqués et échangés pendant l’exécution d’un processus métier et plus généralement de permettre des analyses d’impacts sur les objets métiers et les données. L’information est un concept central de l’architecture d’entreprise : savoir quel objet est modifié par tel process ou application, quel composant est maitre sur la donnée sont des connaissances qu’on doit pouvoir acquérir au travers de l’outil. Cet axe doit donc avoir un poids non négligeable lors de l’évaluation.

7. Synchronisation

Ceci reflète des capacités de l’outil pour résoudre les problèmes de synchronisation des actifs du référentiel, en fonction de leurs interdépendances. Les architectures, les projets, les modèles sont en constance évolution. Les liaisons entre ces actifs doivent être aussi mises à jour et synchronisées lorsqu’un élément est modifié.

8. Transformation SOA

La Transformation SOA reflète les facultés de l’outil pour soutenir l’entreprise dans la transformation de leur architecture vers une architecture orientée services (SOA). Les fonctions fournies par l’outil pour identifier les domaines ou services existants candidats à une approche SOA sont à évaluer, en s’appuyant sur une approche top-down ainsi que bottom-up. Il s’agit ici de pouvoir détecter les services à exposer, rendre modulaire son architecture grâce un paradigme et une approche orienté service et donc capacités.

9. Gestion de l’infrastructure

Enfin, on s’intéresse à la gestion des éléments d’infrastructure, tels que les middlewares et les matériels, les services de stockage, etc. utilisés par les applicatifs. Il s’agit d’évaluer les fonctions qui permettent d’optimiser la gestion de l’infrastructure, mais aussi la réduction des coûts d’exploitation et de maintenance. La gestion de l’infrastructure est généralement outillée de manière spécifique avec des logiciels de production et d’exploitation informatique, notamment la CMDB. Néanmoins, les vues technologiques et d’infrastructure sont partie intégrante de l’AE et doivent être supportées par la solution.

 

Conclusion

Le principe structurant de ce cadre est le fait d’évaluer un outil de gestion selon deux axes : les capacités d’utilisation et d’automatisation du logiciel d’une part, et, d’autre part,  les facultés à soutenir, faciliter les processus métiers de gestion de l’AE et donc au final le travail au quotidien des utilisateurs.

L’adoption de cette méthode facilite et accélère l’évaluation et la comparaison des outils d’EAM selon des critères formels et permet d’objectiver une décision.

Commentaire

  1. Très bon article.
    En complément, concernant la synchronisation, il y a un aspect partiellement abordé mais qui peut se révéler challengeant : la capacité à synchroniser le référentiel EA avec les autres référentiels IT. Autrement dit, comment assurer une bonne intégration de la solution EAM dans le paysage des outils déjà mis en place (tout en limitant le recouvrement fonctionnel)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Voir plus
scroll to top