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Après avoir détaillé la situation actuelle du marché du cloud, voyons maintenant quelles sont les évolutions techniques en cours qui vont progressivement modifier et modeler le paysage de “l’internetisation de l’informatique”.

Lorsqu’on lit les analyses de l’évolution du marché du cloud, on voit de nombreuses notions nébuleuses comme le cloud “hybride”, le “multicloud” et autres joyeusetés de jargon comme seul le domaine informatique sait les générer !

Aussi peu  importante et significative que soit cette floraison, les vraies tendances dominantes sont à la fois plus simples et plus conséquentes. À ce stade, je n’en vois que trois qui méritent vraiment d’être détaillées…

Le cloud pour tout, vraiment tout

La première tendance importante à noter est “l’universalité” : le cloud pour tout, absolument toute l’informatique. Et la récente levée de fonds pour SnowFlake, une start-up spécialisée (créée par des français aux USA) dans le “datawarehouse-on-the-cloud” illustre bien cette tendance. Le succès de SnowFlake permet de (re)donner de la visibilité au domaine du datawarehouse en le réinventant (ou, au moins, en le mettant au goût du jour) grâce à un fonctionnement entièrement basé dans le cloud. Car Snowflake est une solution de base de données analytiques, hébergées dans un entrepôt virtuel (data warehouse) qui permet aux entreprises d’exploiter leurs données internes et leurs outils décisionnels (business intelligence, reporting, analytics…) pour acquérir une vue d’ensemble de leurs données et en tirer de la valeur. Intelligemment, SnowFlake est interfacé avec les outils vedettes de la business intelligence comme Tableau.

Ce nouveau domaine absorbé par le cloud prouve qu’aucun secteur de l’informatique n’est à l’abri de sa future “cloudisation” (excusez le barbarisme !). À plus ou moins longue échéance, tous les domaines, absolument tous, seront impactés. Cette généralisation du cloud pour toute l’informatique est également un bon indicateur de la maturité des innovations qui apparaissent et s’imposent (d’abord dans les médias avant de descendre sur le terrain…). Lorsqu’on aura des outils permettant d’utiliser directement l’IA sur AWS ou Azure, ce sera le signe que ce domaine commence effectivement sa banalisation…

Plus facile ou plus de contrôle ?

L’informatique de ces vingt dernières années a été tiraillée entre deux désirs contradictoires exprimés par les clients : d’une part, une volonté de plus de contrôle et maitrise sur les couches logicielles qu’ils utilisent; d’autre part, la demande (légitime !) que toutes ces manipulations soient facilitées”. L’Open Source est une forme de réponse à la première demande (qui nécessite de l’investissement technique supplémentaire et cela ne peut se justifier que sur le long terme), le cloud lui est une réponse à la seconde. Forcément, mettre tout ou partie de son informatique dans le cloud sous-entendait de renoncer, totalement ou partiellement, à ce désir de contrôle. Dans un premier temps, les entreprises ont profité des avantages réels du cloud sans trop se préoccuper de l’absence de maitrise.

Avec le recul, on se rend compte que le plus gros inconvénient du SaaS (pour ne focaliser que sur cette déclinaison du cloud, qui semble être la plus contraignante…) est que l’entreprise est très dépendante du prestataire. Ce dernier peut augmenter les prix sévèrement et brutalement (ça arrivera forcément quand le marché va passer dans ses prochaines phases de maturité). Et puis le service peut s’arrêter brusquement. Soit le prestataire arrête le service (Google Reader est un exemple, parmi d’autres), soit le prestataire met tout simplement la clé sous la porte (comme Nortel).

La fin de l’opacité ?

C’est là que la seconde tendance lourde se profile : le début de la fin pour le “cloud tout-en-un et opaque” où le client se retrouve dépendant du fournisseur sans aucune maitrise technique de la solution retenue.

Ces dernières années, les entreprises qui signaient pour des solutions de logiciels en ligne comme Salesforce, SAP ou Oracle acceptaient inévitablement que les données et applications soient hébergées automatiquement (pour ne pas écrire “obligatoirement” et de façon plutôt opaque en fait) sur l’infrastructure de l’éditeur. Aujourd’hui, nous avons dépassé cette époque confuse et cette opacité s’est vue réglementée.

Ce que l’on va voir se développer fortement depuis cette année 2018 (et que je vous encourage à exiger), ce sont des offres de développement d’applications et des logiciels prêts à l’emploi qui pourront être déployés sur des plateformes cloud qui ne seront pas forcément celles de l’éditeur originel.

Certains comme Heroku (acquis par Salesforce) offrent une plateforme qui accepte les frameworks du marché (Ruby on Rails, NodeJS, Python, etc.). Avec des outils standards, un client peut effectivement changer d’hébergeur en une journée (ou à peine plus) : il n’a qu’à redéployer le code et migrer ses bases de données.

C’est ce qui changera avec cette division  entre les plateformes de développement et celles d’hébergement. Choisir tel ou tel logiciel ne signifiera plus forcément devoir aussi accepter que ce soit l’éditeur de ce logiciel qui héberge le tout sur son infrastructure. En termes d’infrastructure cloud, qui sont les plus compétitifs (et les plus crédibles), Amazon, Google et Microsoft ou SAP, Salesforce et Oracle ?

L’émergence de la notion de “multicloud” prouve bien que les entreprises sont désormais déterminées à embrasser le cloud et ses avantages, mais pas à n’importe quel prix !

Une solution de “middleware”, logiciel intermédiaire, apporte forcément du sens dans cette perspective. Mais on peut aussi objecter qu’il s’agit d’une couche supplémentaire “discutable”, qui peut, elle aussi être source d’ennuis : si le fournisseur de cette “coiffe logicielle” ne maitrise pas correctement son fonctionnement, vous n’avez plus rien. Si cette couche consomme de la performance ou limite les fonctionnalités, vous êtes aussi perdant… Bref, je doute franchement que cette mode du “multicloud” persiste, mais elle est significative d’une vraie exigence.

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