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Après notre premier article paru sur la donnée ouverte il y a maintenant deux ans, je vous propose de faire un point de situation, particulièrement en France, afin de savoir où nous en sommes.
Dans un premier temps, je vous présenterai l’initiative gouvernementale « Etalab » puis je ferai un zoom sur l’évolution au niveau des villes françaises pour enfin porter mon regard sur certains acteurs privés qui se sont investis dans l’Open Data.

Etalab, mission gouvernementale qui centralise l’Open Data national

Le gouvernement qui avait lancé la mission Etalab a fêté son premier anniversaire le 5 décembre dernier. Cette mission est un franc succès, la France dispose désormais de son portail Open Data. Ce portail met à disposition des internautes plus de 350 000 jeux de données référencées gratuites et réutilisables, issues de l’Administration centrale.

Les bénéfices de la mission Etalab

  • Des évolutions législatives

C’est à travers la libération de toutes les données produites dans le cadre des services publics, en mai 2011, qu’un décret interministériel a été mis en place. Cette initiative a ainsi permis d’ouvrir une masse d’information équivalente quasiment à celle du portail Open Data américain (390 000 jeux de données) et dépasse largement la plate-forme britannique (seulement 7 000).

  • L’ouverture des sources de données

Ainsi on dénombre aujourd’hui 36 principaux producteurs qui alimentent en continu le portail Open Data dont voici les thématiques :

  • Les ministères : affaires étrangères, défense, enseignement supérieur et de la recherche, etc. Ainsi ils représentent 80% des ministères engagés et fournissant des données disponibles ensuite via le site.
  • Les établissements publics : SNCF, RFF, IGN, etc. fournissent tous types de données géographiques, par exemple celles transmises par la SNCF permettant la géolocalisation des gares de voyageurs en France mais également des informations sur leur activité.
  • Les collectivités locales : elles ont contribué de leur propre initiative à la mise à jour de l’ensemble des données. Par exemple : Sarlat-La Canéda, Villemomble, ou encore le conseil général du Cantal.
  • Quels formats de données ont été choisis ?

Le choix des formats de données à mettre à disposition des internautes a longtemps été source de discussion. La circulaire de mai 2011 a encouragé les membres du gouvernement à utiliser des formats libres et ouverts afin que tous puissent réutiliser les données publiées sur le portail data.gouv.fr.

Cependant, le format propriétaire Excel (xls) reste largement majoritaire. Néanmoins si on ramène notre comparatif aux deux principales catégories (propriétaires et libres) le portail propose 5 formats libres contre 4 propriétaires. Aussi à défaut d’être totalement ouverts, les formats sont accessibles et exploitables par tous.

Voici les formats proposés aux téléchargements en fonction du nombre de données disponibles sur le site datagouv.fr :
Le constat est sans appel : même si le site met à disposition des internautes 5 types de formats libres (cvs, txt, shp, xml, ods) soit à peine plus de la majorité, les données proposées sur le portail sont cependant à 99% aux formats propriétaires (xls, doc, xlsx, pdf).

Et le futur ?

En Octobre dernier, le projet gouvernemental Open Data Etalab, a évolué et est à présent rattaché au Secrétariat Général à la Modernisation de l’Action Publique (SGMAP). Néanmoins sa mission reste la même c’est-à-dire développer l’ouverture des données publiques.
Enfin depuis fin décembre 2012, nous avons pu découvrir sur la toile le portail Open Data de l’Union Européenne proposant ainsi 5811 jeux de données aux internautes. Ce projet a été initié par la Vice-Présidente Neelie Kroes chargée de l’agenda numérique à la Commission européenne. Le « Concentrateur Open Data de l’Union européenne » permet d’avoir accès aux données ouvertes de la Commission, comme à celles d’autres agences de l’Union Européenne, sur leur demande.

Action locale d’Open Data dans les villes françaises

En France depuis deux ans, les grandes villes françaises se sont mises à l’heure de « l’Open Data ». Les principales initiatrices de cette ouverture des données à la population sont :

Rennes

Depuis Octobre 2010 Rennes est la ville française pionnière dans l’ouverture de ses données avec son propre site. On peut y retrouver 140 jeux de données issues notamment de son réseau de transports, des informations liées à la géolocalisation de 1 500 organismes publics et associatifs locaux.

Paris

Pour la capitale, il a fallu attendre décembre 2010 pour que la démarche vers l’ouverture des données de la ville soit officiellement annoncée. La diffusion des données n’a pu avoir lieu qu’à partir de janvier 2011 date de l’ouverture du portail opendata.paris.fr. Ainsi on y retrouve environ 80 jeux de données disponibles pour internautes via différentes thématiques telles que : urbanisme, déplacement, environnement etc. Ces initiatives tout d’abord individuelles se sont ensuite propagées sur tout le territoire.

Et les autres ?

Selon LiberTic il y a, à l’heure actuelle, 40 acteurs locaux en France, que ce soient des villes, des collectivités ou des régions qui œuvrent pour développer ou mettre en place l’Open Data. C’est pour moi une évidence : le déploiement de l’Open Data ne fait que commencer et va se propager sur tout le territoire.

Egalement des initiatives privées

Les entreprises privées sont à la fois sources de données publiques mais elles peuvent également être ré-utilisatrices de données.

Data Publica, l’exemple de réussite et de conciliation à la française

Dès l’aube de l’ouverture des données en France, la société a saisi l’opportunité de ce nouveau domaine en juillet 2011 en étant l’un des partenaires historique de l’Open Data. Son métier consiste à développer des jeux de données collectées notamment sur data.gouv.fr.

L’entreprise a développé ses compétences dans des domaines tels que :

  • L’identification des sources de données
  • L’extraction des données
  • La transformation des données brutes en données structurées
  • La livraison des données en mode DaaS (Data as a Service) par abonnement

 

Nous retrouvons sur son site deux types d’offres :

    • Accès payant (pour le moment ce service est suspendu mais reprendra bientôt). 

Data Publica vend ensuite ces jeux de données (2600) de deux manières :

  • Sur commande : l’acheteur choisit le jeu de données et la société le produit.
  • Sur étagère : Data Publica met en place à son initiative des jeux de données qu’elle juge pertinent pour le marché.
  • Accès gratuit : prenant l’exemple sur le recensement fait il y a un an des publications présentes sur data.gouv.fr

 

Ces 3050 publications visualisables représentent 21 % de l’ensemble du catalogue de données de Data Publica riche de 14 251 publications librement accessibles et consultables sur le site.

Enfin son bilan est positif car en faisant de l’exploitation des sources de données publiques ou privées son cœur de métier, elle s’est positionnée sur un domaine très novateur en France. La société a donc su investir dans la recherche et le développement avec la mise en place de nouvelles plateformes de visualisations plus attractives et dynamiques pour les internautes.

Par conséquent, cela a permis de créer des emplois mais surtout d’être un vecteur de diffusion de données. Ainsi toutes personnes ou groupes à but lucratif ou non (sociétés, associations, fédérations, chercheurs, …) qui disposent de données et souhaitent en faire profiter à un large public, de manière payante ou gratuite, peuvent s’adresser à Data Publica.

Les autres acteurs

Par exemple, le Groupe La Poste a commencé depuis un an à rassembler ses données postales et on peut aujourd’hui télécharger le fruit de leur collecte sur data.gouv.fr. Concrètement nous pouvons retrouver la liste des bureaux de poste en France, les horaires d’ouverture des points de contact du réseau postal français soit au total 511 publications.

Puis concernant les entreprises privées en majorité, elles restent timides dans la communication de leurs données. Les raisons peuvent être liées à l’aspect de confidentialité, le temps pour trier leurs données à diffuser et surtout le coût dédié à toutes ces opérations.

Néanmoins la volonté est présente car 43 % des entreprises ont amorcé une démarche plus ou moins avancée afin d’ouvrir leurs données selon l’étude bluenove.

Conclusion

Au final, le bilan est mitigé. L’Open Data est assez méconnu du grand public. Je dirai que cette thématique n’est pas encore assez popularisée malgré son potentiel insoupçonné. Nous en sommes encore au début de son évolution et dire que c’est la fin de l’Open Data en France, est à mon avis trop prématurée. N’oublions pas que l’Open Data n’est âgé que de 2 ans en France depuis les premières initiatives officielles. Aussi je pense qu’il est important de se montrer patient afin de laisser l’état nous prouver son implication dans sa volonté de transparence. Mais surtout j’ai le devoir de par ma connaissance de faire partager autour de moi cette pépite qui, une fois que chacun se la sera appropriée, pourrait devenir une source d’information et de collaboration.

Prenons donc exemple sur les pays précurseurs anglo-saxons tels que les Etats-Unis qui pensent déjà à l’étape ultérieure avec la notion de « Government as a Platform». Et nos voisins, où en sont-ils ? Notamment la Suisse, a-t’elle bien avancé sur cette thématique ?

Il est sûr qu’un seul tableau ne peut pas être source de comparaison mais il peut donner une impression pour commencer. Aussi un modèle de maturité serait utile pour évaluer les avancées, les différences dans chaque pays où l’Open Data est présent. Qu’en pensez-vous ? Pour ma part cela fera l’objet d’un de mes prochains articles.

Et si vous le désirez vous pouvez faire la promotion de l’Open Data en France comme par exemple en signant et/ou diffusant cette déclaration.

Commentaires

  1. Bonjour Marie,

    Bien que ton article soit assez long j’ai pris, sans m’en rendre compte, le temps de le lire en entier. En effet, les informations sont intéressantes et nombreuses. Elles ne sont pas noyées dans le texte et les illustrations sont pleines de sens.

    Espérons que la vague « open data » atteigne toute la France afin d’encourager l’innovation TIC. On peut imaginer tellement d’utilisation que je ne vois aucune raison recevable de limiter l’ouverture des données.

    Merci pour ton premier article, espérons que le prochain sera tout aussi intéressant!

    1. Bonjour Guillaume,

      Merci pour ton commentaire, c’est encourageant et cela va me motiver pour la suite.

      Je suis de toute façon optimiste sur son évolution. Car justement « la vague » a bien pénétré tout le territoire après il est sur que pour en mesure ces effets en totalité cela prendra un peu de temps mais ils se font déjà bien ressentir pour un pays qui a lancé ce projet que depuis peu.

      A bientôt.

  2. Bonjour,
    votre billet est une bonne introduction à l’open data « canal historique » qui illustre parfaitement la situation à date en France.
    Au plaisir d’échanger avec vous sur l’impact de ce mouvement sur la gouvernance de l’info° dans les organisations (acteurs publics et entreprises) induites par le mouvement open data et l’émergence de nouvelles générations de plateformes dédiées à la valorisation de la données au sein de ce mouvement.
    Y compris des acteurs français, comme OpenDataSoft, PlanNet, Qunb par ex.
    Cdt, Jean-Marc Lazard, fondateur d’OpenDataSoft.

  3. Très bon billet, effectivement un comparatif a propos de l utilisation des données entre pays serait top… Reste indépendamment de la mise a disposition des données de l état au format privé ou ouvert à identifier les facteurs d actualisation des données.

    1. Merci. Oui le comparatif lui est plus délicat en effet, je suis entrain de mis pencher. Pas mal de critères sont à prendre en compte donc ça me prendra un peu de temps.

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